Qu’est-ce qu’un CMS accessible ?

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L’accessibilité web est un des grands enjeux du moment pour les institutions et les entreprises. Problème: la plupart des stratégies de conformité aux différentes réglementations de l’accessibilité web se concentrent sur l’accessibilité des sites web et applications, pas tant sur les outils. Or mettre à disposition des contributeurs un CMS accessible fait aussi partie des enjeux que devraient adresser ces stratégies d’accessibilité web.

"L'idée de l'accessibilité numérique, c'est de prendre en compte tout le monde. Donc, ça signifie déjà d’avoir un site public qui respecte les normes d'accessibilité. Mais en interne aussi, tous nos outils sont censés être accessibles. Si on a une personne qui est non-voyante parmi nos salariés, il faut en théorie qu'elle puisse utiliser et participer à toutes les actions qu'elle peut faire avec un ordinateur. Donc normalement, la contribution de Jahia devrait aussi être accessible, devrait respecter les normes d'accessibilité."

Julie BARATCHART, Architecte logiciel ‑ Référente accessibilité numérique à l’UCANSS

Définition d’un CMS accessible

Un système de gestion de contenu (CMS) accessible est une plateforme qui permet à tous les utilisateurs, y compris ceux en situation de handicap, de créer, gérer et consulter du contenu web sans rencontrer d'obstacles. Cela implique que le CMS respecte les normes d'accessibilité telles que les WCAG (Web Content Accessibility Guidelines) et les ATAG (Authoring Tool Accessibility Guidelines), garantissant ainsi une expérience utilisateur inclusive.

L’accessibilité d’un CMS s’évalue donc sur 2 aspects : 

  1. l’accessibilité de l'outil (Partie A des ATAG) : navigation, édition, interface compatibles avec les outils d’assistance. Donc la capacité de tous les contributeurs, y compris les personnes en situation de handicap, à utiliser le CMS,
  2. l’aide à la création de contenu accessible (Partie B des ATAG) : vérifications, modèles et alertes à la saisie. Donc la capacité du CMS à accompagner les équipes éditoriales dans la création et la gestion de contenus web accessibles.

Principales limites à l’accessibilité des CMS

Avant d'entrer dans ce qui fait qu'un CMS est accessible, il est important de prendre conscience des principaux éléments qui rendent beaucoup de CMS non accessibles :

  • Thèmes et extensions non accessibles : L'utilisation de thèmes ou de plugins tiers peut introduire des obstacles à l'accessibilité.
  • Complexité des interfaces : Certaines interfaces d'administration sont difficiles à utiliser avec des technologies d'assistance, que ce soit pour des raisons techniques (absence ou erreur de balisage) ou de clarté de navigation.
  • Manque de formation : Les créateurs de contenu peuvent ne pas être formés aux bonnes pratiques d'accessibilité.
  • Contrôles de validation insuffisants : Absence d'outils pour détecter automatiquement les problèmes d'accessibilité.

De nombreux CMS populaires présentent des lacunes en matière d'accessibilité, notamment en ce qui concerne la navigation au clavier et la compatibilité avec les lecteurs d'écran. Si WordPress ou Joomla sont parfois pointés du doigt sur ce point, la réalité est que le secteur du CMS plus largement souffre d’un déficit important sur la question de l’accessibilité numérique.

ATAG : règles d’accessibilité web dédiée aux CMS

Les ATAG sont des règles d’accessibilité pour les outils d’édition de contenu, définies afin d’aider les éditeurs de logiciels à rendre leurs solutions plus inclusives. Ce standard est structuré en 2 parties : l’accessibilité des outils d’édition de contenu (A), et les fonctionnalités pour rendre accessibles les contenus par les éditeurs (B).

Certaines de ces règles concernent des outils non web, nous allons ici nous concentrer sur les règles qui s’appliquent plus spécifiquement aux CMS.

 

Partie A

Partie B

Les interfaces utilisateur des outils de création respectent les lignes directrices applicables en matière d'accessibilité

Les processus entièrement automatiques produisent un contenu accessible

Les vues d'édition sont perceptibles

Les auteurs sont aidés à produire un contenu accessible

Les vues d'édition sont utilisables

Les auteurs sont aidés à améliorer l'accessibilité du contenu existant

Les vues d'édition sont compréhensibles

Les outils d'édition promeuvent et intègrent leurs fonctions d'accessibilité

 

Il serait trop long de vous détailler l’ensemble des règles ATAG qui déterminent qu’un CMS est accessible ou non, cependant en voici un aperçu. Pour aller plus loin, vous pouvez consulter la page dédiée aux ATAG sur le site du W3C.

Accessibilité des outils d’édition de contenu (partie A)

Cette partie des ATAG désigne les “quelques” règles qui permettent de concevoir un CMS accessible. Nous vous avons sélectionné et synthétisé ici les 7 principales.
 

Principe

Exigence

Exemple / Application concrète

Conformité WCAG*

L’interface du CMS doit respecter les WCAG (compatibilité lecteurs d’écran, navigation logique, etc.)

Contrastes respectés, navigation accessible, retour visuel clair

Perceptibilité

Tous les éléments doivent pouvoir être perçus par les contributeurs, y compris les contenus non textuels

Titres alternatifs sur icônes et images dans l’interface

Compréhension des vues

Les vues doivent refléter des informations implicites (statut, fautes, formats)

Soulignement des fautes, icônes de statut de publication, etc.

Navigation et édition clavier

Tous les éléments doivent être accessibles au clavier seul

Glisser-déposer via raccourcis, navigation sans piège clavier, raccourcis activables

Recherche dans l’éditeur

La recherche doit être complète, ergonomique et compatible accessibilité

Inclusion du texte alternatif, surlignage, navigation entre résultats

Préférences utilisateur

Les préférences visuelles doivent être indépendantes du rendu du contenu

Police, contraste, taille personnalisables côté contributeur

Documentation

L’ensemble de l’interface, y compris les options d’accessibilité, doit être documenté

Documentation claire, accessible, facilement disponible

 

*Détails des règles WCAG en partie suivante : Règles d’accessibilité RGAA et WCAG appliquées au CMS

Aide à la production de contenus accessibles (Partie B)

La partie dédiée à l’accessibilité des CMS eux-mêmes est la plus complexe à mettre en œuvre par les éditeurs de logiciel, et celle sur laquelle ils sont globalement les moins conformes. En revanche sur cette 2nde partie, certains CMS, dont Jahia, offrent des fonctionnalités qui commencent à se rapprocher de la conformité.

 

Objectif

Fonction attendue

Exemple / Comportement

Conformité automatique

Tout contenu généré automatiquement doit être conforme ou modifiable

Texte alternatif généré à l’import, avec possibilité de le corriger

Balises éditables dans l’éditeur WYSIWYG

Préservation des données d’accessibilité

Lors d’une mise à jour ou d’une duplication, les attributs d’accessibilité doivent persister

Le alt d’une image reste présent après remplacement

Contrôle des contenus publiés

Éviter les erreurs d’accessibilité dans les contenus finaux

Restrictions ou alertes si des champs essentiels sont vides

Aide contextuelle

L’auteur doit être guidé lors de la création de contenu

Avertissements si absence d’étiquette ARIA, aide à la structuration HTML

Modèles accessibles

Fournir des structures et composants conformes par défaut

Balises correctes dans les templates, composants inclusifs

Détection et correction

Vérification + possibilité de corriger directement

Vérificateur intégré dans l’éditeur + suggestions de correction

Intégration dans le flux de travail

L’accessibilité doit faire partie intégrante de l’expérience de contribution

Fonction activée par défaut, avertissement si désactivée, UX fluide

 

Règles d’accessibilité RGAA et WCAG appliquées au CMS

Les règles d’accessibilité des CMS définies dans les ATAG s’appuient donc en bonne partie sur les règles plus générales de l’accessibilité numérique, définies dans les WCAG (Web Content Accessibility Guidelines), les normes internationales établies par le W3C.

Le RGAA (Référentiel Général d’Amélioration de l’Accessibilité) est le cadre réglementaire français qui définit les modalités techniques pour rendre les services numériques accessibles à tous, notamment aux personnes en situation de handicap. Il s’appuie directement sur les WCAG, mais va un peu plus loin, et est donc intéressant à envisager dans une perspective d’accessibilité CMS.

Le RGAA comporte 106 critères d’accessibilité numériques, répartis en 13 thématiques. Si les 106 critères ne s’appliquent pas aux usages d’un CMS, une grande partie reste malgré tout valable. Voici les principaux éléments que vous devriez retrouver dans un CMS 100% accessible : 

  • Images et Multimédia - Un CMS accessible doit permettre à un utilisateur porteur de handicap sensoriel de lire le texte alternatif d’une image ou tout autre média, et d’obtenir des informations sur son format dans l’interface de gestion des assets digitaux (DAM).
  • Couleurs - Les contrastes de l’interface du CMS doivent être suffisants (rapport de contraste de 4.5:1, au moins), et les informations ne doivent pas passer uniquement par la couleur. Par exemple, l’information qu’une page est publiée ne doit pas simplement passer par une pastille verte.
  • Tableaux - Les tableaux de données dans le CMS (liste d’utilisateurs avec leurs rôles et permissions par exemple) doivent être correctements balisés (<th>, <td>, <caption>...)  et disposer des bons attributs WAI-ARIA (aria-label, columnheader, rowheader…).
  • Eléments obligatoires - Chaque page de l’interface du CMS doit intégrer certains éléments indispensables au bon fonctionnement des outils d’assistance (balise doctype, balise <title>, attribut lang).
  • Structuration de l’information - Les interfaces du CMS doivent comprendre des titres et des listes structurés.
  • Présentation de l’information - Les informations contenues dans le CMS doivent persister en cas de désactivation des feuilles de style, le texte doit rester lisible, et les fonctionnalités accessibles, lorsque la taille des caractères est augmentée jusqu’à 200 %, et les propriétés d’espacement du texte doivent pouvoir être redéfinies par l’utilisateur sans perte de contenu ou de fonctionnalité.
  • Formulaires - Chaque champ de formulaire de contribution (boîtes d'édition de contenu) doit inclure une étiquette (attribut WAI-ARIA aria-label par exemple), voire être accompagné d’une aide contextuelle précisant les attentes de contribution.
  • Navigation - La navigation au sein de l’interface du CMS doit pouvoir être réalisée de multiples façons afin de s’adapter aux troubles éventuels des utilisateurs. Le CMS doit par exemple comprendre au moins 2 systèmes de navigation (menu de navigation, plan du “site”, moteur de recherche), proposer un ordre de navigation cohérent et marqué par un focus à la sélection, des raccourcis claviers, ou encore des contenus additionnels (infobulles par exemple) accessibles au clavier.
  • Consultation - La documentation du CMS doit être accessible, il doit être utilisable sur écran en mode portrait comme paysage, proposer des alternatives aux gestes complexes (pas uniquement du drag&drop pour déplacer un élément par exemple).

Retrouvez l’ensemble des critères du RGAA ici : https://accessibilite.numerique.gouv.fr/methode/criteres-et-tests

Comment rendre votre CMS accessible : 7 étapes concrètes

Même si aucun CMS n’est 100 % accessible par défaut, plusieurs actions peuvent vous aider à approcher la conformité avec les normes d’accessibilité, tant pour l’interface que pour l’expérience de contribution.

  1. Choisir un CMS compatible WCAG et ATAG
    Optez pour une solution qui respecte déjà les normes d’accessibilité, comme la compatibilité avec les lecteurs d’écran, la navigation au clavier ou l’utilisation de rôles et balises sémantiques corrects.
  2. Utiliser des modèles et composants accessibles
    Évitez les thèmes ou plugins tiers qui introduisent des barrières (manque de contraste, balises manquantes...). Préférez des bibliothèques de design inclusives et certifiées.
  3. Activer les vérifications d’accessibilité en temps réel
    Intégrez des outils de validation qui signalent les erreurs courantes (textes alternatifs manquants, niveaux de titres mal utilisés, problèmes ARIA) dès la phase de rédaction.
  4. Accompagner les contributeurs avec une aide contextuelle
    Utilisez des info-bulles, des instructions dans les champs ou des alertes intégrées pour inciter aux bonnes pratiques (ex. : rédaction de titres accessibles, balisage de formulaires).
  5. Préserver les métadonnées d’accessibilité
    Lors de la duplication ou de la mise à jour de contenus, assurez-vous que les balises alt, aria-label ou lang soient conservées.
  6. Former votre équipe éditoriale
    Proposez des formations à vos rédacteurs et contributeurs sur les bonnes pratiques en accessibilité numérique. De nombreuses erreurs sont dues à un simple manque de sensibilisation.
  7. Publier une déclaration d’accessibilité pour votre CMS
    Même si votre système n’est pas encore totalement conforme, communiquez de manière transparente vos efforts et invitez les utilisateurs à faire part de leurs retours.

Pour aller plus loin : Consultez notre guide complet sur l’accessibilité des sites web

 

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